Et Allah dans tout ça? Il en pense quoi?

Capture d’écran 2015-01-14 à 13.07.27Sept longues et lentes journées se sont écoulées depuis l’instant t. L’instant tuerie. Tu ris, tu meurs. Tumeur des hommes qui perdent leur je et se vengent du nous, les yeux bien enfoncés dans leurs poches infâmes. A genoux devant DieuAllah.

Mais qu’il est moche de faire pleurer Allah!
Allah pleure et ses larmes coulent dans les yeux des victimes.
Allah recherche des poches à trouer pour voir rouler les yeux des barbares sur la beauté de la vie.
Allah a la main qui tremble de colère et le cou rouge de fureur, las de publier de sombres et sanglantes histoires, las des mauvaises traductions. Il n’a plus le coeur à l’ouvrage. Comme une envie de faire la grève et de fermer sa maison d’édition.
Allah ne parvient plus à lire, il louche à force de voir ces hommes de terreur se dédoubler, adoubés par des fous. Il entend le claquement de leurs armes et l’envie lui prend de leur donner des claques. Il voit le suintement du sang des innocents et vomit sur la dévotion confite de ces lâches. Au paradis, il n’a prévu pour eux ni radis, ni pommes, ni vergers, tout juste une huile vierge pour frire leur foi grasse qui éclabousse les fidèles, les vrais, les sains, les discrets, les modèles, pour cette religion de paix!

Islam, bientôt île sans-âme-qui-sourie. Une île noire de rage, noire de honte, noire de silence et pire que tout, noire de solitude…dans un bleu blanc rouge frémissant.
Car le bleu blanc bouge, il craint pour sa progéniture. Et Allah le comprend si bien.
Aussi dans un geste ultime de solidarité et d’amour universel, décide-t-il de fermer boutique et de cesser d’écrire, dérogeant à sa règle d’or : la règle suprême et souveraine du mektoub. Depuis sa résidence céleste et immémoriale, aidé par des milliers d’anges, il se met à lancer des dés et des crayons. Des crayons, symboles de tous les textes publiés auxquels il ne prend aucun goût et de tous ceux qui ont été mal traduits. Des dés, symboles du hasard et de l’arbitraire, frappés du nombre de morts qui s’accumulent de jour en jour en son nom. Son geste est une invitation au monde et à chaque musulman pratiquant ou non, converti ou pas, à prendre son destin et celui de sa religion en main et écrire sa page d’amour pour l’humanité, son cri de colère pour dénoncer la barbarie. Une parenthèse que permet Allah, une exception à sa règle séculaire, en attendant de reprendre goût à l’écriture…

Ainsi donc sur terre, il se mit à pleuvoir des crayons et des dés par centaine de milliers, sur les hommes, sur les femmes, sur les jeunes et les moins jeunes, sur les athées, les laïcs, les sunnites, les chiites, et les autres. Pour que plus jamais, nous n’ayons à revivre l’instant t, pour que plus que jamais, nous décidions de vivre.

© Mia Sfeir

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