Cette nuit, j’ai rêvé que je rencontrais Calogero*…


* En rouge, les 58 titres de ses 5 albums. Oui, ce sont des choses qui arrivent…

Silence, juste un peu de silence que je m’y replonge…Dans mon rêve, l’un des plus grands artistes français est en concert au Liban pour son dernier album, L’embellie. Je suis dans le hall d’un hôtel perché sur les hauteurs de Dbayeh, j’attends. Autour de moi, des femmes (très) apprêtées, des hommes endormis à force d’espérer, et un drôle d’animal, sans doute une espèce rare de chien. Soudain, une voix surgit au milieu des autres. « Yalla, on y va, me dit-elle, Calogero vous attend ». A cet instant précis, il est là pour Femme à travers moi, aussi libre que moi.

La voix me guide et se laisse guider par de plates mélodies en sous-sol, de celles qui jettent tout leur désarroi à la gueule des noyés-dans-l’alcool. J’ai peur que ces musiques d’ascenseur finissent par agacer le chanteur et me privent de ma première et peut-être dernière chance de le rencontrer. Je ne suis plus qu’à un couloir près du jour parfait. Ultime passage des cyclones qui me dévastent à ce moment du rêve. Il faut dire qu’un peu de vent dans l’oubli de soi n’a jamais fait de mal à personne. Quelques mètres plus loin, je l’aperçois enfin ou plutôt je le devine. Nous sommes au cœur de mon rêve. Sa silhouette m’est si familière. Mais peut-il en être autrement après 5 albums à succès (écoutés en boucle), de nombreuses récompenses, des compositions pour les plus grands interprètes français, des collaborations avec les plus grands paroliers ? A cet instant précis, je n’ai que nous à vivre, lui et moi à travers Femme. Dans mes questions, je l’emmène où je l’aime, dans sa fragilité, ses racines siciliennes aux odeurs de cendres et de terre, son admiration pour son frère Gioacchino avec qui il compose souvent, son amour pour ses deux filles, Nina et Romy. Et la musique bien sûr.

Calogero ou la pureté des cordes
Son style ? Un mélange de plus en plus percutant et affirmé de pop et de rock, dans lequel il ne souhaite toutefois pas s’enfermer. Car le génie Calogero, c’est son éclectisme, c’est cette facilité qu’il a à jouer avec sa voix, à en utiliser toutes les couleurs avec une intensité extraordinaire. Sombre et sentimental à la fois, il est seul à détenir le secret de son interprétation, si pure qu’elle nous donne l’illusion de toucher son âme. C’est peut-être ça aussi, chanter vrai. Refuser la bourgeoisie des sensations, chercher à prouver l’amour, à tout prix. Suis-je assez claire ? Parce que c’est important de ne pas décrocher à ce moment-là. J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivants, aux nouveaux lecteurs.

A la fin de notre rencontre, j’ai le choix entre partir ou rester pour une photo. « C’est comme tu l’sens, tu fais comme tu veux » me glisse une nouvelle voix. « Comme je veux ? Si seulement je pouvais déjà lui manquer !! » Entendons-nous, il s’agit là d’un coup de cœur artistique, sans l’amour. Son entourage est à son image, simple et accessible. Mais à présent, j’ai besoin de prendre l’air. Je suis hypochondriaque, malade de sa musique. L’hôtel a une vue imprenable sur la mer. Si l’idée du saut de l’ange me traverse l’esprit, j’ai peur de manquer mon atterrissage, et par la même occasion, son concert le lendemain, 9 juillet 2010, à l’amphithéâtre de Zouk. Mais après tout, si je suis prise de vertiges, c’est parce que je vis où il m’a laissée, dans sa grande musique qui a fini par prendre racine en moi. « Calo, toi qui es fait pour voler très haut, toi qui nous fait voler très haut, s’il me prend l’envie de faire le saut de l’ange, tu n’as qu’à m’attraper au passage, je serai devant toi ». Ca y est, c’est dit.
Heureusement, c’est mon rêve qui parle.

Le Concert à Zouk (suite et fin du rêve)
La suite se déroule à Zouk où je m’apprête à vivre le plus beau jour du reste de ma nuit. L’ouverture du concert se fait sur le grand succès de 2002, En apesanteur. Je suis debout, les oreilles grandes ouvertes, je chante sur sa voix. C’est presque un sacrilège, un peu comme chanter et danser sur les braises, ça fait chaud au corps et au cœur mais mal à l’arrivée. Calogero est seul sur scène, dans l’ombre et la lumière de l’amphithéâtre. Il bat le rythme, joue du piano, de la guitare, de la basse. Puis dans un silence religieux, il conte l’histoire de Nathan, l’enfant autiste, avant de poser sa voix et ses notes sur la douleur de ce petit être incompris, à la recherche d’un monde en équilibre. Sur certains titres, il s’accompagne d’un looper, sorte de Pomme C-Pomme V (ndlr.copier-coller) des sons. L’oiseau enregistreur fait fureur sur Tien An Men. Et tandis que je prie en vain pour Safe sex, les fans n’en finissent pas de scander « Face à la mer! », l’un de ses titres phares. Mais celui-ci, il le réserve pour la toute fin du spectacle, un moment que je redoute, la fin de la fin du monde pour moi. Alors je danse – pour oublier mon problème. On me répète à longueur d’ondes que ça marche. Alors je danse.

En repartant du concert, j’aimerais danser encore. Je repense au petit Nathan, à la fièvre de Tien An Men, à la fièvre que Calogero m’a transmise durant ces deux jours. A présent, je sais que ce n’était pas un rêve. Je me suis trompée de réalité, à trop vouloir vivre la sienne. Et même si pas un jour ne passe sans que j’y songe, dans ma réalité, je suis fan mais journaliste avant tout. Game over.

© Mia Sfeir
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9 réponses à Cette nuit, j’ai rêvé que je rencontrais Calogero*…

  1. Stayrou Selena dit :

    Bonjour,
    Je voulais vous félicitez pour ce texte sublime que vous nous faites partager. Je le trouve très joli, les phrases sont excellemment bien tournées et en même temps, vous savez expliquer en détails ce que vous avez ressenti à chaque instant de ces moments magiques que vous avez vécu.
    J’ai été plongée dans le texte, j’ai l’impression d’avoir vécu ce « rêve » avec vous.
    Alors je voulais vous remercier d’avoir la chance, à moi et beaucoup d’autres personnes, de partagé ce pur moment de bonheur.

    Bonne continuation en tant que journaliste.
    Une fane de Monsieur Calogero
    Selena

  2. Marine dit :

    Un seul mot, bravo!
    Bravo pour cet article magnifique qui décrit si bien ce chanteur si émouvant. Bravo pour nous communiquer encore ce même rêve que j’ai ressenti également au concert de son anniversaire, un rêve qu’on voudrait éternel. Je suis très impressionnée de voir une journaliste libanaise fan de Calogero, même si ça ne m’étonne qu’à moitié.

    Bonne continuation pour votre carrière de journaliste.
    Une autre fan de notre cher Calogero,
    Marine

  3. Aurelien dit :

    Alors là, franchement, respect !!!

    Je suis un grand fan de Calo et de voir cette article m’a enormement ému. Le fait de rassembler les titres avec les sentiments ressentis est très jolie. Vous avez dû y passer du temps sur ce texte et vous avez aussi réussi à toucher beaucoup de monde et je vous remerci.
    Et la chance aussi de prendre une photo avec Calogero !

    Bonne continuation dans votre carrière.

    Je vous la souhaite aussi, l’Embellie…

    Aurélien

  4. isabelle dit :

    Que dire….
    un magnifique récit de ce que l’on peut ressentir en voyant et en écoutant Calogero !
    Un récit,Des mots qui sonnent juste et qui nous touchent !!!
    Malgré la distance qui nous sépare je suis heureuse qu’a travers le monde notre Calo transporte autant de terriens; car nous sommes tous frères ! Même si….
    Un grand merci à vous Mia Sfeir d’avoir partagé 😉
    Bonne continuaton à vous
    Je vous la souhaite aussi L’embellie
    Soleilisa64

  5. jen dit :

    bonjour,
    je voudrait moi aussi rencontrer calogero dite moi comment faire svp. merci beaucoup
    a bientôt et encore merci

  6. Céline Coutant dit :

    Que dire de plus que ce votre plume magique nous a conté de vos émotions, de votre rêve devenu réalité en ce beau jour de juillet où vous avez rencontré Calogero…
    Il faut parfois forcer le destin pour arriver à ses fins et moi aussi je rêve que peut-être un jour il sera là en face de moi pour qu’enfin nous improvisions un duo en chansons avec tous ses mots qui me touchent tant.
    L’admiration pour cette artiste exceptionnel n’a pas de frontière pour tous les coeurs qui battent à l’unisson dans une même paix, une même liberté, un même amour pour l’autre!
    Merci beaucoup chère Mia et comme il nous le dédicace « C’est d’ici que je vous écris » pour vous souhaiter une belle continuité dans votre carrière.
    45lina

  7. Céline dit :

    Tout simplement MAGNIFIQUE , je ne serais décrire l’émotion et l’admiration de vous lire …
    Quel beau cadeau fait à Calo et à ses fans , MERCI très sincèrement …Une pure merveille , je souhaite de tout coeur vous lire encore !

  8. aurélie dit :

    Bonsoir,
    Tout simplement magnifique, et merci je découvre votre récit ce soir :)
    quel chance que vous avez eu le rêve pour beaucoup de fan de Calogero !!!

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